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Cette année Hokkaidô fête ses 150 ans. Ceci nous ramène à 1868, date à laquelle l’Empire du Japon intègre l’île à son territoire puis la baptise de son nom actuel. Cependant, il ne faut pas oublier que l’île ne s’est pas toujours appelée la « voie de la mer du nord » et que son histoire remonte à bien plus loin.
Autrefois nommée Ezo par les Wajin (peuple de Yamato), et « ainu mosir » par le peuple autochtone des Aïnous, elle compte des patrimoines d’importance. Parmi ceux-ci, le patrimoine naturel de la péninsule de Shiretoko et le patrimoine immatériel de la danse traditionnelle aïnou sont inscrits à la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, respectivement depuis 2005 et 2009.
Les Aïnous ont été poussés sur le devant de la scène depuis quelques années. En effet, depuis 2013, le département de Hokkaidô a lancé la campagne Irankarapte (« bonjour » en aïnou) visant à promouvoir cette culture et le tourisme régional. À Sapporo et ailleurs, les événements autour de cette culture unique fleurissent dans la ville : musique, artisanat, art de vivre, contes et danses...
La culture aïnou est issue principalement de la culture Jômon, de la culture Satsumon et imprégnée par certains aspects de la culture Okhotsk des peuples nordiques, avec laquelle elle partage un culte particulier pour l’ours.
Pourtant, la langue aïnou n’est apparentée à aucune famille linguistique et entretient le mystère sur ses origines. Toutefois, il existe des emprunts lexicaux dans la langue japonaise, parmi lesquels figurent : tonakai (renne), rakko (loutre de mer) ou encore shishamo (éperlan de mer).
De plus, les toponymes en de nombreux endroits de Hokkaidô sont dérivés de la langue de ce peuple, tels que Sapporo qui désignerait « une rivière bordée de larges roselières ». Il en va de même à Sakhaline, dans les îles Kouriles, et la région du Tôhoku au Japon, ce qui nous permet aujourd’hui de saisir l’étendue du territoire autrefois occupé par les Aïnous. Celui-ci s’étendait depuis le nord du Honshû, en passant par Hokkaidô, Sakhaline et les îles Kouriles, jusqu’au sud de la péninsule de Kamtchatka en Sibérie.
Les Aïnous ont pour croyance que chaque plante, animal, aussi bien qu’outil, raz-de-marée, tremblement de terre et endémie est habité d’un esprit. Ces divinités rendent visite au monde des humains « ainu mosir », avant de retourner dans le monde sacré « kamuy mosir ». La divinité du feu, entretenu tout au long de l’année dans chaque foyer, servait de messager pour transmettre les prières au dieu souhaité.
C’est pourquoi, ce « peuple écologique » ne prenait jamais plus que nécessaire à la nature. Lors de la cueillette de plantes sauvages, les racines étaient toujours remises en terre ; et lorsque l’écorce d’un arbre était nécessaire à la confection d’un habit ou à la construction d’une habitation, on prononçait d’abord un prière exprimant sa gratitude à l’arbre, puis prélevait une partie seulement de son écorce. Ainsi, les Aïnous ont toujours préservé la nature si précieuse à la vie.Le terme « ioru » définit le milieu propice à l’établissement d’un village. Ceci requérait plusieurs conditions : la proximité d’une rivière ou de la mer pour vivre de la pêche, ou la proximité de la montagne pour vivre de la chasse et de la cueillette.
La cuisine aïnou se base sur les ressources naturelles de Hokkaidô suivantes : les plantes, le gibier et la pêche. Les plats préparés variaient selon l’occasion et la saison. Je vous conseille de visiter pendant la saison estivale le jardin ethnobotanique des peuples nordiques au sein du Jardin botanique de l’Université de Hokkaidô, ou bien le village traditionnel reproduit au Centre de promotion de la culture aïnou Pirka Kotan, qui présentent un grand nombre d’espèces botaniques accompagnées d’explications sur leurs rôles dans la vie des Aïnous.
Seul le millet était cultivé. Les variétés « millet du Japon » et « millet des oiseaux » étaient le couple de céréales consommé par les Aïnous. Elles entrent dans la préparation des boulettes de pâte et de la « liqueur des dieux (tonoto) » servies lors de rituels.
Les Aïnous étaient doués pour la chasse : la biche, le lapin, et en de rares occasions l’ours, la chouette et même l’orque étaient au menu. Divers sifflets et pièges étaient employés pour attirer et capturer le gibier. La graisse du gibier tout comme l’huile de poisson étaient récupérées soigneusement pour servir de condiments en cuisine, mais aussi pour faire office de baume apaisant les brûlures. Pareillement, certaines plantes sauvages comestibles, à commencer par l’ail à tuniques réticulées (ain. kitopiro, pukusa, ja. gyôja ninniku), tenaient lieu à la fois d’aliment et de médicament « éloignant les dieux dispersant des maladies ».
On cuisinait sur une planche en bois moitié plate moitié creuse pour mélanger les ingrédients après les avoir finement émincés. La cuisine aïnou comprend de nombreux types de soupe (ohaw) et un plat fameux de saumon gelé (ruibe) pour ne citer que quelques spécialités.
Malheureusement très peu de restaurants sont spécialisés dans la cuisine aïnou. Cependant, certains bistrots « izakaya » proposent au menu par exemple des soupes ohaw. Près de la galerie marchande de Tanukikoji se trouve l’izakaya Umizora no Haru au 5ème étage du bâtiment JBOX (Minami 3-jo Nishi 4-chome, Chuo-ku, Sapporo) qui propose une soupe du jour, et aussi un menu spécial à réserver la veille au plus tard. Le 29 octobre 2017, le premier festival culinaire aïnou s’est tenu au Centre de promotion de la culture aïnou Pirka Kotan avec le projet de renouveler l’événement plusieurs années de suite pour promouvoir cette cuisine au Japon et à l’étranger.
Le sculpteur Takeki Fujito reproduit de nombreuses scènes de chasse et animaux dans leur habitat naturel tels que dans la sculpture ci-dessous qui était exposée temporairement au musée du parc de l’art de Sapporo. L’ours est la divinité la plus vénérée dans la culture aïnou. Lorsqu’un ourson était capturé à la chasse, on le ramenait au village pour l’élever jusqu’à ce qu’il soit en âge de retourner dans le monde sacré au travers du rituel Iyomante.
De nos jours, la chasse à l’ours n’est plus d’usage, mais un documentaire retraçant l’une des dernières cérémonies réalisées est visionnable de mai à octobre à la salle de documentation des peuples nordiques du Jardin botanique de l’Université de Hokkaidô exposant des artefacts originaux datant de la période Meiji à l’ère Shôwa. Face au jardin botanique, se trouve également le Centre des Aïnous de Hokkaidô proposant une collection d’objets plus récents et possédant une bibliothèque.
Des objets de la vie quotidienne à la construction de maisons, les Aïnous avaient toujours recours aux matériaux variés de la nature : écorce d’arbre, fibres d’ortie, de roseau ou d’herbe des sables, cuir de poisson, etc. Le processus d’extraction des fibres internes des écorces d’orme et de tilleul était particulièrement long et laborieux. Les fibres, ramollies d’abord dans l’eau d’une source chaude, étaient transformées en de longues ficelles passant ensuite au métier à tisser. Il fallait parfois compter plusieurs mois avant de finaliser un vêtement selon cette technique.
Pour ce qui est du cuir de saumon, cette matière imperméable était idéale pour les expéditions en mer. La fabrication d’un ensemble complet, chaussures comprises, nécessitait pas moins de 60 saumons. L’hiver les vêtements étaient superposés les uns sur les autres avec en pardessus une fourrure de biche par exemple. Les Aïnous se procuraient aussi du coton, plus facile et rapide à tisser, par le commerce extérieur.
Pour traverser les mers, les Aïnous embarquaient sur des bateaux à la forme très allongée, très rapides et pouvant faire près de 15 mètres de long. Ils troquaient produits de la chasse tels que peaux, fourrures ou plumes (cerfs, zibeline, rapaces, etc.), contre des matériaux tels que le coton, le métal, ou le verre.
Ces produits importés détenaient une grande valeur. Les objets faits de métaux étaient soigneusement rangés dans des poches en tissus d’écorce (aiguilles...) ou étuis en bois gravés de motifs (couteaux, sabres...). Les biens les plus précieux étaient placés dans des shintoko, coffres obtenus via le commerce de troc. La possession d’un grand nombre de shintoko était donc signe de richesse. Dans les familles les plus prospères, on se procurait billes de verre et métaux depuis le continent asiatique afin d’en faire des colliers et autres bijoux, transmis précieusement de mère en fille.
Les motifs, ornant les habits et certains objets d’une valeur particulière, ne remplissaient pas uniquement un rôle esthétique mais possédaient diverses significations tels des pictogrammes. Ainsi, les motifs brodés en forme de pointes ou ceux représentant des yeux repoussaient les dieux indésirables.
Les Aïnous ont perpétué leur culture par la transmission aux nouvelles générations de leur savoir-faire, art-de-vivre et pratiques artistiques. Patrimoine immatériel reconnu par l’UNESCO, l’univers de la danse traditionnelle aïnou est vaste. Il comprend d’un côté la « danse de la grue », la « danse du renard » ou la « danse de l’hirondelle » qui miment les mouvements des animaux, et de l’autre, la « danse des sabres » ou encore la « danse de l’arc » réalisées lors de rituels.
La scène musicale aïnou est elle aussi très dynamique. Les chants polyphoniques sont envoûtants et évoquent des incantations mélodiques. Les instruments comprennent le mukkuri (une harpe buccale en bambou) et le tonkori (une sorte de cithare). La fête Marewrew s’est tenue en août 2017 autour du groupe de chant du même nom et du célèbre joueur de tonkori, OKI.
Les Aïnous sont un peuple de contes. Leur littérature orale extrêmement riche et variée peut être divisée en trois principaux genres : les légendes prosaïques (uepeker, tuitak...), les chants des dieux (kamuy yukar, oina...) et les épopées héroïques (yukar, sakorpe, yayerap...). De façon générale, le conteur alterne le récit d’un personnage à l’autre, mais la narration est toujours à la première personne. Bien qu’aujourd’hui elles soient perçues comme de simples histoires, les légendes étaient considérées véritables. Dans celles-ci, les dieux se manifestent aux personnages dans leurs rêves, et guident leurs actions qu’ils y consentent ou non.
Les chants des dieux, quant à eux, se placent selon la perspective des divinités, ou en d’autre terme de la nature. Par exemple, un épi de millet raconte sa tristesse de ne pas avoir été moissonné avec les autres ; après qu’une dame modeste le ramasse, puis le cuisine pour le manger, il retourne auprès des autres divinités car ayant enfin accompli ce à quoi il est destiné. En retour, cet épi apporte sa gratitude à cette femme et sa famille par d’abondantes récoltes.
Chacun de ces contes chantés suit sa mélodie propre. Un « refrain » entêtant, qui évoque la divinité concernée, se répète inlassablement alors que l’histoire avance. Pour les animaux, ce « refrain » imitera leurs cris ou chants, mais pour les plantes ou les éléments comme le feu, la signification et l’origine de celui-ci peuvent être parfois plus complexes à saisir. C’est ce genre de littérature orale que Yukie Chiri a compilé et traduit vers le japonais, sous la direction du linguiste Kyôsuke Kindaichi, dans Ainu Shinyôshû (A Collection of the Ainu Epics of the gods).
Enfin, les épopées héroïques sont contées au rythme de percussions propres à chaque conteur. Les Aïnous pensaient autrefois que ces histoires s’étaient produites en des temps très anciens. Les personnages sont nombreux à mourir, puis ressusciter sans toujours que l’on sache comment. Il n’est pas rare que le dénouement de ces épopées paraisse insensé ou incompréhensible. En effet, les références culturelles sont importantes et non détaillées dans les récits originaux. Ils nous laissent cependant entrevoir la manière dont par exemple les alliances étaient formées entre familles et villages.
Aujourd’hui de nombreuses adaptations de cet héritage culturel sont faites au travers de nouveaux supports tels que les dessins animés, les livres illustrés ou encore les bandes dessinées. Le but premier étant la transmission aux nouvelles générations, les supports susceptibles de plaire également aux enfants semblent privilégiés. Le manga Golden Kamuy de Satoru Noda dépeint fidèlement divers aspects de la culture aïnou tout en narrant les péripéties d’un jeune homme guidé dans sa quête par une jeune fille aïnou. La traduction française est disponible aux éditions Ki-oon.
Pourquoi ne pas commencer par vous familiariser à la culture aïnou en lisant ce manga, et qui sait peut-être un jour faire l’expérience de cette culture si unique directement sur place à Hokkaidô et à Sapporo ?
*La rédaction de cet article repose sur la consultation des sources suivantes :
Sites internet (consultés le 26 mars 2018)
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